Construire votre spirale aromatique

Si comme nous, vous êtes gros consommateurs d’herbes condimentaires et plantes pour infusions, alors lancez-vous dans la construction d’une spirale aromatique. L’objectif est d’avoir une large offre de plantes aromatiques tout près des fourneaux. Mais vous vous demandez peut-être avant ce qu’est une spirale aromatique et pourquoi faire tourner les plantes en rond !

Une spirale aromatique, c’est quoi au juste ?

C’est une sorte de jardinière de plantes aromatiques et médicinales … mais en forme de spirale. La spirale s’élève partant du niveau du sol jusqu’à la hauteur souhaitée, en général autour d’un mètre d’altitude. Les bordures de la spirale peuvent être réalisées en différents matériaux, mais vous verrez qu’ici, nous avons choisi la pierre sèche, c’est à dire sans jointement. C’est à dire des pierres de différentes tailles qui s’emboitent comme elles peuvent. 😉

L’idée, c’est de créer une pente progressive du centre (point haut) à l’extrémité (point bas). La largeur du rang doit être cohérent avec la taille de vos bras pour que le ramassage des plantes reste aisé. Idem pour la hauteur. A titre d’exemple, la notre fait un peu moins d’un mètre de haut (0,9 m) et un peu plus de 2 mètres de diamètre (2,2 m).

Et, pourquoi faire une spirale aromatique ?

La spirale est la meilleure solution (ou forme) pour faire pousser une grande variétés de plantes dans un minimum d’espace sur différents niveaux. La forme et cette différence de niveau va permettre de créer des conditions particulières pour chaque plante : ensoleillement, protection du vent, arrosage, sol riche ou drainant, etc.

Plusieurs écosytèmes en un seul jardin : certaines plantes seront protégées du vent dominant par les murets, d’autres à l’ombre de leur voisine durant l’été, certaines bien irriguées d’autres moins, etc. Nous verrons plus bas que l’implantation est un peu petit casse-tête qui s’ajuste au fil des premiers constats.

Ainsi, on peut adapter la proposition à chaque plante et cela dans une même « jardinère » géante … et esthétique. Car oui, un autre attrait de la spirale aromatique est son intégration dans votre jardin.

Un aménagement du jardin esthétique, efficace et écologique.

Esthétique, c’est assez subjectif mais vous devriez pouvoir mettre vos gouts en adéquation avec vos choix. Pour nous, l’objectif était « d’habiller » une pente difficilement exploitable et bien visible depuis notre terrasse. Nous avons donc opté pour un mur en pierres sèches récoltées sur notre terrain ou dans le champs voisin. Nous avons donc optenu un visuel combinant plantes et muret de pierres locales.

Efficace, car il est très pratique à entretenir. Durant la saison chaude et sèche, un seul arrosoir (10 litres) tous les 2 ou 3 jours suffit (dans notre Drome de plus en plus méditerranéenne). On verse lentement l’arrosoir au sommet de la spirale et l’eau suit la pente jusqu’en bas en humidifiant les zones traversées. Au sommet, l’eau reste peu ce qui convient à nos choix de plantes qui aiment les sols secs. Ensuite, au fur et à mesure du chemin, la pente diminue et l’eau a davantage le temps de pénétrer le sol. Enfin, le choix des différentes couches drainantes permet lors de grosses pluies de bien absorber l’eau qui pourra s’échapper aussi par les murets non jointés. L’efficacité réside aussi dans la facilité de cueillette et d’entretien, le peu de désherbage s’opère facilement.

Écologique, vous aura peut-être fait sourire. En fait, cela tient à la densité de l’écosytème et à son architecture qui le rend économie en eau mais aussi un petit sanctuaire de biodiversité : les nids à insectes cachés dans les murets, l’étalement de la floraison qui plait aux pollinisateurs et les zones ombragées séduisent une large faune qui entre en symbiose avec cette flore riche.

Alors, par où on commence la spirale aromatique ?

Voici notre construction pas à pas :

Etape 0 : choix du lieu

C’est assez subjectif mais il faut quand même veiller à quelques précautions (que nous n’avons pas toutes respectées). Un lieu bien ensoleillé qui propose éventuellement l’ombre estivale d’un arbuste caduque (chez nous un amandier princesse). Un « sous-sol » assez drainant pour éviter des risques de saturation en eau durant les saisons humides (c’était facile chez nous). La proximité de votre cuisine afin que la récolte ne devienne pas rébarbative (1à mètres de la cuisine pour nous). Il faut éviter une zone trop pentue car le dénivelé s’ajouterait au besoin de pente de la spirale (c’est notre cas). Voici un cliché illustrant ce dernier point.

un muret en pierres sèches assez haut

Le seul problème concerne la construction d’un muret en pierres sèches relativement haut mais ça va. Il fallait « juste » vérifier la solidité du mur au fur et à mesure des étages. Par ailleurs, il faut veiller à monter le mur légèrement en pente vers l’intérieur et à choisir des grosses pierres pour les premières rangées.

Position Spirale Aromatique

  1. Le centre ou sommet de la spirale est la partie la plus ensoleillée, et donc la plus chaude. C’est là que le sol est le plus profond et le plus drainant.
  2. Les bords de la spirale qui délimite la largeur de la « jardinière ». Chez nous ils sont en pierres.
  3. Le bout de la spirale où elle rencontre le sol initial. Souvent il est préconisé d’y intégrer un petit bassin qui pourra récupérer l’eau de fortes pluies et accueillir des plantes aquatiques.

Étape 1 : dessin de la spirale au sol

La première phase opérationnelle consiste à représenter la spirale au sol. Pour cela, il faut choisir le sens de rotation au préalable afin d’optimiser l’évacuation de l’eau. Ensuite, il existe, sans doute, plusieurs façons de faire. Voici la nôtre :

tracé de la spirale aromatique

On identifie le centre et on y plante un piquet provisoirement. A partir de ce piquet qui sera le centre de la spirale aromatique, on déroule un tuyau (d’arrosage) ou une corde en élargissant peu à peu les rangées. Une fois qu’on a controlé la largeur globale et les différentes largeurs de rangée, on commence à décaisser à l’intérieur du tuyau sur une vingtaine de centimètres. Et pour finir le dessin de la forme on vient placer des grosses pierres plates à l’intérieur du tuyau : elles serviront de fondations au muret.

Etape 2 : on prépare le terrain et les « fondations »

Une fois que la spirale a pris forme, on vient griffer le sol intérieur des rangées pour retirer les touffes d’herbes. Ensuite, nous avons choisi de places de fines couches de carton alimentaire au sol des rangées. Au dessus de cette couche de carton, nous avons répandu des gravas qu’il nous restait à proximité : briques ou tuiles cassées, sable, etc. Enfin, nous avons commencé à établir la pente avec du remblais.

 

 

remplissage spirale aromatique

Après un premier arrosage, la base de notre spirale est prête.

Étape 3 : on monte le muret en pierres « sèches » (au niveau)

Ensuite, il faut monter le muret qui tourne. Nous avions lu qu’il était préférable de démarrer par le centre. Mais cela ne nous paraissait pas pratique alors nous avons opté par une avancée par « étage » en commençant de la fin. On a donc commencé par ajouter une rangée de pierre partout. Puis une autre rangée de pierre avec un décalage d’une trentaine de centimètres en fin de muret. Ainsi, nous avons amorcé la pente par décalage des rangées successives.

 

muret pierre seche spirale aromatique

Nous nous sommes aidés d’une règle et d’un niveau pour obtenir une pente à peu près régulière (en fait cela s’accentue en s’élevant). L’idée était que pour une distance de règle donnée, nous retrouvions la bulle au même emplacement. Dans notre cas, la bulle « à cheval sur le trait » pour une longueur d’environ 1m50. Cela nous semblait une pente suffisante. Le plus difficile a été de gérer la pente naturelle du terrain.

contre niveau spirale aromatique

Nous avons ainsi pu réaliser les premières rangées en respectant aussi une inclinaison du muret d’environ 10 à 20 degrés vers le centre de la spirale pour assurer une meilleure stabilité. Pour cela, nous avons opté pour des pierres plus larges dans les premières rangées. Et on a choisi de remplir par étape pour bien stabiliser l’ensemble.

Etape 4 : on remplit par couches successives

À chaque nouvelle rangée de pierres, nous avons donc versé l’équivalent de terre ou de remblais. Puis nous arrosions pour compacter et nous laissons le temps faire son action avant de passer à la couche suivante.

Étape 5 : on ajuste et on stabilise

Comme c’était notre première réalisation en « pierre sèche », il a fallu quelques ajustements : remplacer certaines pierres et en caler d’autres avec des petites pierres. On a stabilisé avec de la terre humide comme « jointement ». Nous avons aussi laisser des espaces pour des nids à insectes, des promontoirs pour oiseaux ou gross butineurs. Ainsi, nous avons intégré une brique creuse et des regroupement des branches creuses.

Etape 6 : on finit de planter et on sème !

C’est sans doute la meilleure étape, après pas mal d’efforts.

plantation spirale aromatique

Trop serré, trop de densité ? C’est le but ! On prend juste quelques précautions avec les différents pieds de menthe qu’on a un peu cloisonné en bout de spirale afin qu’elle ne remonte pas toute la spirale et colonise l’ensemble.

menthe dans une spirale aromatique

Nous avons créé un « rempart » de menthe à l’aide de pierres fines enfoncées en profondeur. Nous avons juste laissé de la place sur les bords afin que l’eau puisse s’écouler lors de fortes pluies. On verra si cela est suffisant…

Étape 7 : on arrose, on surveille et on récolte …

Assez rapidement, vous pourrez collecter les premières feuilles et fleurs sur certaines variétés.

récolte spirale aromatique
des belles fleurs de Mauve sylvestre

Vous pourrez utiliser des feuilles comme condiments ou les faire sécher avec d’autres fleurs pour des tisanes.

collecte spirale aromatique pour soupe
Une soupe à base de plantes de votre spirale aromatique

Et, qu’est-ce qu’on met dans une spirale aromatique ?

Alors, la réponse à cette question va sans doute, dépendre de votre emplacement géographique et de vos goûts en cuisine. Par exemple, nous adorons la coriandre autant pour les feuilles que pour les graines, mais ce choix ne fait pas l’unanimité en France.

Vous trouverez donc ici nos choix et la répartition choisie.

  1. Thym et Serpolet
  2. Romarin de Corse et Romarin
  3. Sariette de Turquie et de Provence
  4. Estragon
  5. Origan (doré et officinal)
  6. Basilic (plusieurs variétés)
  7. Sauge
  8. Cresson
  9. Marjolaine
  10. Persil (plat et frisé)
  11. Ciboulette (blanche et violette)
  12. Menthe (plusieurs variétés)
  13. Mélisse
  14. Coriandre
  15. … on ne sait plus 😉
  16. Cerfeuil
  17. Aneth
  18. Millepertuis
  19. Céleri
  20. Hysope (blanche)
  21. Camomille (matricaire)
  22. Mauve
  23. Guimauve
  24. Herbe de l’immortalité
  25. Verveine

implantation plantes aromatiques

L’image n’est pas très belle, on re-fera cela au propre prochainement.

Et voilà, le résultat de notre spirale !

Des condiments et aromates en quasi-permanence tout près de notre cuisine.

Bilan : qu’est-ce qu’on changerait ou qu’on ne referait pas ?

Globalement, après quelques mois, nous sommes plutôt satisfaits du résultat autant sur le plan esthétique que pratique. En cette période de canicule, nous n’arrosons que tous les 3 à 4 jours et à raison d’un arrosoir de 11 litres puisés dans le récupérateur d’eau de pluie à proximité (300l). Il nous faut donc un peu moins de 30 arrosoirs par an, soit 300 litres, ce récupérateur d’eau de pluie est donc largement suffisant puisqu’il ne se passe pas 3 mois sans pluie (pour le moment).

Dans le détail, nous avons dû retirer et planter ailleurs certaines plantes trop volumineuses. Par exemple, nous n’avons conservé qu’un plant de Mauve sylvestre sur les 2 plantés initialement car un seul suffit pour les récoltes de fleurs et ombrager la zone concernée. Idem pour l’origan, nous n’en avons conservé que 2. Pour tout le reste, nous sommes satisfaits de nos choix pour le moment. A suivre…

 

 


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